La famille Ogé-Boussard de Lironville.
Sur le monument aux morts de Lironville, parmi toutes les victimes de la première guerre mondiale, figurent Alfred Boussard et Emma Boussard, un frère et une soeur sortis de l'oubli par Jean-Pierre Souquières, descendant de la famille Ogé-Boussard et auteur de ce récit familial.
Le père d'Emma et Alfred Boussard
est natif de Royaumeix, Nicolas (dit Alphonse) Boussard issu d'une
famille d'agriculteur épouse en 1880 Anne Élisabeth (dite
Élise) Maujean dont les parents sont épiciers à Manonville. Le
jeune couple s'établit rue Grande rue à Lironville, lui comme
scieur de long, son épouse comme patronne sage-femme, celle-ci
exercera jusqu'à l'invasion allemande en septembre 1914. À
Lironville naîtront de cette union trois enfants :
En août 1914, la France entre en
guerre, c'est la mobilisation générale, début septembre 1914
la bataille en Meurthe-et-Moselle fait rage, Lironville est
menacé. Beaucoup d'habitants quittent le village, mais certains
restent, il y a les biens mais surtout les animaux de la ferme d'où
les pertes d'hommes et de femmes civils. La France est agricole !
Dans la famille Ogé - Boussard Victor a été mobilisé le 2
août 1914, les femmes sont seules avec les enfants, elles
décident de quitter Lironville, elles partiront en exode entre
le 5 et le 20 septembre 1914, leurs animaux sont en partie du
voyage ou ont été pour certains confiés aux habitants ne
voulant pas quitter leur domicile.
La famille va se réfugier rue du Ruisseau à Dogneville, commune
des Vosges où Alphonsine la sur d'Emma y est installée
depuis son mariage comme fermier laitier avec son époux
Félicien Grunenwald. Celui-ci aussi mobilisé n'est plus à la
ferme.
Avec le tombereau surchargé, le voyage fait à pieds sera long,
120 kilomètres séparent les deux localités. Fait partie du
voyage Élise Maujean la mère d'Emma, d'Alphonsine et d'Albert,
elle-même en 1914 domiciliée à Lironville où elle était sage-femme.
Elle vient, comme réfugiée, habiter à Dogneville chez sa fille
Alphonsine et ne repartira plus à Lironville.
C'est à Dogneville, rue du Ruisseau,qu'Emma est tuée par fait
de guerre en 1916. c'est pourquoi son nom est aussi gravé, comme
victime civile, sur le monument aux morts de Lironville.
Si Dogneville n'a pas été bombardée directement par l'armée
allemande car trop loin du front et qu'il n'y a pas eu de combat
durant toute la période de guerre à Dogneville, Emma a
probablement perdu la vie pendant un bombardement aérien
allemand, ou fut grièvement blessée par un tir de mitrailleuse
lors d'un raid aérien. Chaque mois de l'année 1916 des raids
meurtriers de l'aviation allemande auront lieu sur la station de
la radio militaire à Chantraine (commune qui jouxte Épinal) et
sur les nombreuses casernes d'Épinal. Le fort et le terrain d 'aviation
de Dogneville étaient des cibles stratégiques. À cette époque,
dans les fermes, les enfants et les femmes gardaient les vaches
à la pâture et Emma a pu être gravement blessée dans de
telles circonstances.,
Après la guerre, Victor (dit
Émile), démobilisé, s'est installé provisoirement à
Dogneville avec ses trois enfants, il ne peut pas revenir
immédiatement à Lironville, le village ayant été
complétement détruit. Veuf, il a fait connaissance d'une jeune
femme de la commune. En février 1920 il épousera à Dogneville
en seconde noce Marie Prévôt puis la même année le couple
revient s'installer sur la propriété familiale, 8 rue de l'Église
à Lironville, Victor (dit Émile), est patron cafetier et
agriculteur. La nouvelle famille au complet est repartie à
Lironville, Albert 12 ans, Félicien 11 ans, et Edmond (dit
Monmon) 8 ans. Le couple recomposé en 1922 aura un enfant né à
Lironville, Marcel Édouard qui épousera en 1944 Marcelle
Carême, une fille de Mamey.
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Albert le fils aîné, fonde à Arles en 1931 une famille avec Clarisse Boniface, il sera salarié poudrier à la Poudrerie National de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône) et sera gravement blessé lors de l'explosion de la poudrerie du 16 novembre 1936 qui fit 53 morts et 200 blessés.
Félicien épouse Claudine
Grunenwald, à Dogneville (Vosges) en 1935. Il embrasse la
carrière militaire. Félicien participera à la campagne du
Maroc de 1929 à 1932.
Médaille coloniale agrafe Maroc et Sahara le 11 juin 1931,
Médaille Croix de Guerre des T.O.E. avec une étoile de bronze
le 11 mars 1932.
Edmond le benjamin de la fratrie, épouse Jeanne Kiffer à Dogneville. Il fait aussi une carrière militaire au 120e régiment d'artillerie d'Épinal. Arrêtée par un accident en service, il fera carrière comme patron transporteur routier.
Chaque année après 1921 une délégation est venue de Lironville rendre un hommage au monument aux morts de Dogneville, puis au cimetière. Cette délégation partageait un repas familial chez Alphonsine Boussard. Cette commémoration prend fin au décès en 1960 de Victor OGÉ.
Victor OGÉ vers 1950