Abbé Henri ZANK (ZANCK)

Henri Zank est né à Bourges le 31 mai 1888,  (sur son acte de naissance l'orthographe de son nom est ZANK) il fait ses études au lycée de Bourges. Destiné à la prêtrise, il passe 4 ans au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. 

Mobilisé en 1914 au 29e régiment d'infanterie, il est sergent. Son nom est modifié dans les archives militaires et s'orthographie ZANCK. Il se distingue dans les combats de Sarrebourg le 16 août. Sa bravoure lui vaut les galons de sous-lieutenant à la fin août 1914.

A la suite d'une nouvelle audacieuse reconnaissance de nuit à proximité de tranchées ennemies, il est nommé lieutenant. Dans le rapport de ses chefs, on écrit "Officier, il s'est montré chef de section parfait. Convaincu du devoir, il a, sur ses hommes un ascendant étonnant. Toujours prêt à marcher il aime le danger"

Légèrement blessé à la main en décembre, il est évacué sur Gray et passe quelques jours dans sa famille. Ayant rejoint fin janvier son unité, il écrit à sa famille qu'il est parti d'Autun avec 430 hommes  et qu'il  a sous ses ordres quatre instituteur et un normalien. Dans les lettres qui suivent il exprime une certaine lassitude :

"J'ai parfois le nostalgie du séminaire. Je voudrais bien entendre quelques lectures spirituelles et revoir les uns et les autres de mes camarades ... Hélas tout est loin ... Pourquoi ne suis-je pas entré une année plus tôt au séminaire ? Car mois aussi je serais prêtre, pour le grand besoin spirituel de mes 200 hommes..."

Ce sont ses soldats qui profitent de son exemple. "Ah quel brave garçon, disait l'un de ses hommes blessé à un brancardier venu pour l'emporter. A la tranchée, il nous réunissait souvent pour nous faire une morale épatante.  Faut avoir du courage les amis, je ne vous conduirai pas à l'aventure,  mais suivez moi toujours. Je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi."

Le 30 mars au soir il écrit sur son carnet :

"Ma compagnie à pour mission de se porter de nuit à une crête. Je pars à la tête de 200 hommes, alignés en colonne par un. Quelques éclaireurs marchent dans l'obscurité, lentement, l'œil aux aguets, l'oreille ouverte. A 50 m de la crête une vive fusillade nous arrête. J'ai 4 tués et 5 blessés. Que faire ? Si j'avance, je fais massacrer tous mes hommes, ne sachant pas ce que j'ai devant moi ; si je recule, je suis un traître et je compromet un succès possible.  Je reste alors sur place, couché avec mes hommes, qui, en rampant, se sont alignés face à la crête. Nous sommes dans la neige, dans la boue, et, le vent chassant les nuages, la lune apparaît. Chacun, couché derrière son sac, pioche à tour de bras, moi comme les autres, tandis que sifflent les balles. Tout la nuit nos avons pioché, de telle sorte qu'au jour nous étions enterré dans une tranchée de 2 mètres de profondeur, ayant ainsi avancé la ligne de près d'un kilomètre. A droite et à gauche d'autres compagnies avaient fait de même. Le lendemain, ordre d'attaquer le blockhaus allemand qui nous avait arrêté la veille au soir. Ayant le téléphone, j'ai fait arroser à coup de 75 à la tombée de la nuit.
A 6 heures et demie, tout mon monde s'est sorti de la tranchée, s'est couché, et quand j'ai crié "En avant " s'est précipité à la baïonnette . La surprise a été telle que je n'ai perdu personne, et qu'une dizaine d'Allemands qui occupaient le poste se sont barrés en extrême vitesse, laissant du pain K, des oranges, du jambon, des boîtes de sardines, des pelles, des pioches, des boucliers"

A la suite de cet exploit ses chefs songèrent à le nommer capitaine. Mais le lundi de Pâques, au matin, sa compagnie ayant été désigné pour l'attaque du village de Remenauville, dut bientôt se replier sous le feu des mitrailleuses ennemies. Il avait dirigé le mouvement avec une telle méthode que pas un de ses hommes n'avait été blessé. Par groupe de 5 il les ramenait tous, accomplissant vingt fois cette périlleuse mission.
Or, au moment où il allait descendre le dernier dans la tranchée, un obus de 77 éclate à quelques mètres de lui. Il eut la mâchoire brisée et la gorge traversée de shrapnels. Il se releva sur le coude et mourut sans avoir pu prononcer une parole.

La veille de sa mort, Henri Zank écrivait à son directeur d'Issy cette carte :

"Pâques 1915 ... gros sacrifices pour moi : je suis au fond d'un bois, dans un trou sous terre, sans autre consolation que la prière, aux instants où l'ennemi nous laisse un peu de répit. Que les hommes sont donc criminels et que le Bon Dieu est patient !!! Malgré la tristesse de mon cœur, je tâche d'entrer dans l'esprit de la fête pascale  En ce jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous, Alleluia".

 

Sa citation à l'ordre de l'Armée.

Henri Zank Lieutenant de réserve au 29e d'infanterie : sous  un feu violent de mitrailleuses et une très forte canonnade, a dirigé sa compagne à l'attaque d'un village, avec un calme et un sang froid remarquable. a été mortellement frappé.

Extrait du livre "Les séminaristes de St Sulpice morts au champ d'honneur". 

 

 

Sa tombe aujourd'hui au cimetière de Mamey.

Cette croix est l'œuvre d'un habitant du village, M Adrian. L'ancienne croix vermoulue a été remplacée par cet habile menuisier, véritable oeuvre d'art,  cette croix toute neuve a été scellée dans un support en pierre calcaire en 2008. (extrait d'un article du journal l'Est Républicain paru le 2 mars 2011).

Dans les année 1960 la municipalité de Mamey a pris contact avec la famille pour connaître son désir concernant la tombe de ce soldat. Voici la réponse de sa belle-sœur.