Novembre 1914 : Offensive sur le Bois le Prêtre.

Au mois de novembre, l’ennemi est refoulé au nord du Bois le Prêtre. En prenant pied dans ce bois, c'est une autre guerre qui commence pour les soldats de la 73e Division. Du 30 septembre 1914 au 19 juin 1915, les attaques vont se succéder laissant la place à une lutte implacable, pied à pied où chaque pouce de terrain est l'objet de rencontres sanglantes. 

A la mi-octobre,  des compagnies de la brigade mixte sont envoyées en reconnaissance dans le bois le Prêtre. Dans les derniers jours d'octobre, l'ordre numéro 134 pris par le général Lebocq qui s'est installé à Manonville avec son État-major, prescrit de se rendre maître du Bois le Prêtre et de la rive gauche de la Moselle au nord de Pont-à-Mousson.  Des opérations menées du 27 au 29 octobre permettent de progresser largement dans le bois

C'est le 30 octobre que l'offensive débute réellement, avec trois attaques simultanées, à l'ouest sur le Quart en Réserve, au centre sur la maison du Père Hilarion, à l'est sur les hauteurs du Haut de Rieupt.  Elle est menée par la brigade mixte du colonel Riberpray dont l'État-major s'est installé à Mamey, renforcée  par des régiments de la 73e division (avec le 6e bataillon du 346e régiment et le 5e du 353e).  C'est le colonel  Nitard du 167e R.I. qui prend le commandement de l’attaque. 

Le Bois le Prêtre est un ensemble boisé de plus de 800 hectares qui s'étend sur les communes de Pont-à-Mousson, Norroy, Vilcey-sur-Trey, Montauville, Fey-en-Haye,  avec une ligne de crêtes  qui tourne autour de 380 m (la Croix des Carmes est à 375 m).

Le Quart en Réserve, que l'on retrouve dans de nombreux bois, est une dénomination qui remonte à l'Ancien Régime. Elle fait référence à la partie du bois qui ne devait pas être exploitée, mais mise en réserve, entretenue et conservée, dans le but d'avoir une belle futaie d'arbres destiné à la Marine d'autrefois. 

La Croix de Carmes, actuellement un monument, n'est en 1914 qu'une simple croix de bois. Déjà en place au XVIIe siècle, elle était régulièrement remplacée. Son nom fait référence à l'ordre religieux des Carmes  installé dans un monastère sur les Hauts de Rieupt, la croix marquait la limite de leurs droits sur les bois.    

La maison du Père Hilarion,  située dans une petite clairière  datait du début du XIXe siècle , c'était la demeure d'un garde forestier. 

Cette maison ainsi que sa fontaine  doivent leur nom à un ermite qui vivait là, dans une grotte au début du XIXe siècle. Disciple de St Hilarion (moine originaire de Palestine, ayant vécu au début du IVe siècle, il se serait isolé dans le désert pour mener une vie ascétique et austère). La maison fortement endommagée par les combats a été détruite puis reconstruite après la guerre,  abandonnée à la fin du XXe siècle, elle a été remise en état par une association de bénévoles. 

Le Pillement est une plantation forestière entre la tranchée de  Fey et la maison du Père Hilarion. (Ici le terme tranchée désignant de grands passages à travers la forêt) 


Tous les efforts déployés au mois de novembre tendront vers unique objectif : la conquête de la maison forestière du Père Hilarion, formant un saillant dans nos lignes. La défense allemande est solide sur le Quart en Réserve et au sud de la tranchée de la Croix de Carmes et dans la plantation du Pillement.

La résistance de l'ennemi sur le ruisseau du Père Hilarion immobilise les  bataillons engagés. Le premier novembre la tentative de prendre la fontaine du Père Hilarion par le 3e bataillon du 167e régiment échoue.  De son quartier général à Mamey,  Riberpray ordonne la reprise de l'offensive pour le 2 novembre ainsi que  la conservation du terrain conquis.

Devant les difficultés de progresser, l'offensive marque le pas, Le 2 novembre le général Lebocq commandant la division envoie de nouvelles consignes afin de renforcer l'organisation défensive du terrain conquis.

Le 3 novembre le bois le Prêtre et tout le secteur de Montauville sont violemment bombardés.

A, l'ouest  le premier bataillon du 167e progresse peu à peu et finit par s'installer solidement  à Montrichard puis au Haut de Rieupt 

Après quatre jours de lutte, la tranchée de Fey est dépassée et la route de Fey-en-Haye – Pont-à-Mousson atteinte en plusieurs endroits. C'est sur le Pillement et le ruisseau qui descend de la fontaine du Père Hilarion que la progression est la plus difficile.

A partir du 4 novembre l'offensive marque une pose, on fortifie le terrain gagné devant le Quart en Réserve et la Croix des Carmes. On signale la difficulté de creuser le terrain très rocailleux. Les actions offensives se limitent à des coups de main pour faire des prisonniers et avoir des renseignements sur les défenses allemandes. Les armées sont continuellement au contact et il devient de plus en plus difficile de gagner quelques mètres.

 

A la mi-novembre on renforce l'artillerie lourde installée sur le plateau de Mamey.  Les tirs de l'artillerie à partir du plateau de Mamey vont devenir quotidiens en direction de Regnièville, Vilcey, et surtout sur le Bois le Prêtre et le Quart en Réserve..

11 novembre 1914 : JMO de la Première Armée page 39 " La progression de la brigade Riberpray  (73e division) dans le Bois le Prêtre est arrêtée, et 3 bataillons prélevés sur cette brigade sont ramenés en réserve à Mamey."

Les opérations actives sur le Bois le Prêtre sont suspendues et on prélève des troupes pour les mettre en réserve.

Les actions vont être consacrée à l'envoi de reconnaissances afin de connaître l'organisation défensive de l'ennemi.

Situation à la mi-novembre. Le front du Bois le Prêtre se stabilise.

Sur le reste du front de la 73e division on renforce les défenses sur toute la ligne Auberge St Pierre Limey

13 novembre : Le général Lebocq vient à Mamey pour parler de l'organisation défensive avecl le colonel Riberpray qui commande la brigade mixte. Il faut constituer de forts barrages en première ligne afin de retirer des soldats pour les mettre en réserve.

Le 14 novembre Jean Dinet est tué au bois le Prêtre. Sa tombe est au cimetière de Mamey.

La 145e brigade est chargée d'établir une barrière de fils de fer barbelés tout le long  de  la route Limey Pont-à-Mousson. L'opération est souvent ralentie par les conditions météorologiques, le terrain gelé  ne permet pas d'enfoncer les piquets

L'artillerie allemande réagit aux tirs effectués de Mamey

Dès le début novembre les inhumations de la plupart des sous-officiers et soldats tués ont eu lieu le 6 novembre au matin, près de la Ferme du Pétant.