Juin 1916 : Réorganisation.

Après 22 mois de guerre avec parfois des offensives très meurtrières certains régiments ont été décimés. Pour compenser ces trous le général en chef, Joffre décide en 1916 de supprimer des régiments. Pour cela il entreprend une réorganisation de l'armée au niveau de la brigade en réduisant certaines brigades à deux régiments de trois bataillons. Il demande donc le 22 mai au général de la première armée de lui  désigner les régiments qui seront supprimés dans les  139, 140, 145 et 146e brigades.

A la 65e division c'est le 302e RI de la 139e brigade et le 304e RI de la 130e brigade qui sont supprimés.

Ces suppressions de régiments sont parfois mal vécues, les soldats ne comprennent pas toujours et prennent parfois cela comme une punition. C'est ce que l'on ressent en lisant le journal de Gabriel Delor et en lisant les dernières pages du JMO du 302e RI.

27 mai 1916 
Nous apprenons que notre régiment va être dessous, et que le 6ème Bataillon va être versé au 312ème RI et le 5ème au 311ème RI. Nous sommes tous vexés de voir cette injustice, notre régiment ayant toujours fait son devoir, tandis que des régiments qui ont été fautifs n'ont pas été supprimés. Cela va faire beaucoup de rumeurs. Nous attendons cet ordre.

30 mai 1916 
Nous avons assisté, hier après-midi, au départ de notre drapeau et de notre Colonel, cérémonie émouvante. Tous les régiments assistaient à la cérémonie. Au discours de notre Colonel, tout le monde avait les larmes aux yeux. Le Colonel était très affecté de la dislocation de son régiment; depuis 18 mois, il en était le chef et il avait organisé beaucoup de choses. Musique, équipe de football vont être dissoutes maintenant. Le 6ème Bataillon passant au 312ème(RI) et le 5ème Bataillon au 311ème(RI). Nous nous demandons ce que va faire l'État avec ces nouveaux régiments à 3 bataillons.(Certaines unités ayant eu de grandes pertes, des regroupements ont été décidés pour maintenir un effectif suffisant dans chacune.) 

A la 73e division c'est le 368e RI de la 146e brigade qui est dissous le 5 juin 1916. A sa dissolution le 368e fait l'état de ses pertes, du 2 août 1914 au 5 juin 1916 il recense 308 tués, 1315 blessés e 1037 disparus soit un total de 2660 soldats. Les mois les plus meurtriers ont été septembre 1914 avec 32 tués, 280 blessés et 323 disparus, avril 1915 avec 74 tués, 225 blessés et 32 disparus et juillet 1915 avec 46 tués, 215 blessés et 657 disparus. (JMO 368 RI p 31).

Ensuite le 7 juin c'est au tour du 353e RI de la 145e brigade.

A la 70e division, qui vient d'arriver pour relever la 65e division,  c'est la 140e brigade qui perd le 237e RI.

26 mai  "Une note de service du général en chef dissout le régiment. La brigade est formée de 2 régiments à 3 bataillons au lieu de 3 régiments à 2 bataillons. La dissolution sera définitive le 1er juin." ( JMO 237 RI page 63)

Le front

En juin 1916 le front du bois le Prêtre est calme. Il y a toujours les duels de tranchées et les tentatives de coup de main. Le seul coup de main qui est important est celui qui a lieu près de la Croix des Carmes où deux prisonniers sont faits.

Détail du coup de main.

On pratique de plus en plus la guerre psychologique. Les avions allemands viennent larguer la Gazette des Ardennes.

On en vient même à utiliser des projectiles chargés d'imprimés.

Sur le front au nord de Mamey la 70e division a donc deux brigades  déployés de Fey à Flirey. La  139e brigade avec les  226e, 269e RI  et deux bataillons des 42e et 44e BCP (Bataillons de Chasseurs à Pied). 

Le 226e est installé à Limey.

La 140e brigade dont l'état-major est installé à Mamey comprend 2 régiments les 279e et 360e RI déployés entre Fey et Regniéville. Le front est relativement calme.

C'est l'artillerie de tranchées qui cause le plus de pertes.

Les travaux dans le secteur des Quatre Vaux semblent assez importants, les service photographique des armées est passé là le 12 juin.

Au nord du pont, les installations de Jolival

Ainsi que ceux de St Jacques.

Dans le JMO de la première armée on signale un fort bombardement sur Toul par une quinzaine d'avions.

A la fin du mois l'offensive envisagée depuis plusieurs mois sur Regniéville est encore reportée

De plus d'importants travaux allemands vers Onville laissent à penser qu'une artillerie allemande sur rail et à longue portée se met en place. On cherche la parade.