Septembre 1914 : La bataille de Mamey (2).
Le 10 septembre, les Allemands évacuent Pont-à-Mousson où il ne laissent qu'un faible détachement. Le 11 sur la rive droite de la Moselle ils repassent la frontière. Sur la rive gauche, ils dégarnissent leur front. Il reste cependant çà et là des patrouilles allemandes de reconnaissance. Les ennemis se cherchent.
Récit de l'abbé Porta : "Ils disparaissent de Mamey subitement comme ils étaient venus. Le 13 au soir, ils abandonnent Lironville et Limey suivis de charrettes sur lesquelles s'entasse leur butin et c'est comme un immense soupir de soulagement qui s'échappe des trois villages où déjà s'accumulent tant de ruines et, tout autour , c'est la Lorraine entière qui se réjouit de savoir que Nancy est enfin sauvé. (op.cit)"
Le 14 septembre, le 1er escadron du 12e dragons atteint l'auberge ST Pierre dans la soirée et un combat s'engage avec des uhlans, combat au cours duquel est blessé le lieutenant De Lattre. C'est, DE LATTRE de TASSIGNY futur maréchal de France qui sera à la tête du débarquement de Provence du 15 août 1944, qui mènera la campagne victorieuse, dite « Rhin et Danube », contre le Troisième Reich et qui représentera la France à la signature de la capitulation allemande à Berlin, le 8 mai 1945, aux côtés d'Eisenhower, Joukov et Montgomery. C'est dans ce même régiment de dragons que sert Aimé Guérard qui sera maire de Mamey pendant la seconde guerre mondiale et qui donnera son nom à la rue de la mairie.
14 septembre (JMO 169e RI p29) "La 3e compagnie envoie une reconnaissance à la ferme de Nanzéville et à la lisière sud ouest de la forêt de Puvenelle . Elle signale la présence d'un grand nombre de cadavres français et allemands aux environs de la ferme."
15 septembre (JMO 169e RI p29) "Le premier bataillon reçoit l'ordre d'aller occuper la position château de Pierrefort, Martincourt Saint Jean ferme de Nanzéville. Des patrouilles envoyées à Lironville et à Mamey ne signalent aucun ennemi dans la région."
Le 16 septembre les 167, 168 et 169e régiments d'infanterie sont rassemblés dans une brigade mixte (appelée ainsi car elle rassemble des soldats de l'armée active et de la réserve) sous le commandement du Colonel Riberpray et rattachés à la 73e division. La 73e division et la place militaire de Toul sont rattachées à la première Armée.
16 septembre (JMO 169e RIi p31) "Patrouilles envoyées à Lironville, Mamey, bois de la Lampe ne signalent la présence d'aucun ennemi .... Le 47e RIT (Régiment d'Infanterie Territoriale) viendra par Mamey s'établir à Regniéville, Fey, Auberge St Pierre."
Le 19 septembre, la 73e division s'installe sur la ligne Ansauville, Grosrouvres, Noviant, bois des Haye, St Jean, Ferme de Nanzeville et la brigade mixte sur Mamey Auberge St Pierre pour relier la 73e division à la défense de Pont à Mousson. Le 167e RIi de la brigade mixte occupe une ligne défensive passant par Dieulouard, Jezainville, Griscourt, Gézoncourt, Martincourt.
20 septembre : Début de la bataille de Mamey Lironville
20 septembre le Ve corps d'armée allemand commandé par le général Von Strantz lance une nouvelle offensive sur la Woëvre, vers les côtes de Meuse, Saint Mihiel est menacé et va tomber le 25 septembre. L'ennemi bombarde les villages du pied des côtes, Vigneulles, Billy, Hattonchatel où se trouve le quartier général de la 75è division d'infanterie. La 73e division tente une diversion par une attaque de flanc sur qui vise Mamey, Fey, Limey, Remenauville, Lironville et Flirey. Les premiers succès de la journée du 20 sont effacés par la riposte allemande du 21 septembre et il faut se replier. Mamey, Martincourt, Noviant, Bernécourt, Mandres vont être de nouveau occupés par les Allemands. Une contre attaque française du 22 au 25 septembre permet de dégager tous ces villages, et le front se stabilise bientôt sur un ligne passant par Seicheprey, Flirey, , Limey, Fey, et le bois le Prêtre. Toutes ces opérations militaires entre le 20 et le 25 septembre vont rester dans les mémoires et depuis, chaque année, au troisième dimanche de septembre, Lironville est le lieu de cérémonies militaires, depuis maintenant plus de cent ans.
Dimanche 20 septembre 1914 : La brigade mixte reçoit l'ordre de partir sur les objectifs Mamey, Fey en Haye. Ses avant-postes ont été poussés en avant de Martincourt et dans le ravin de St Jean. Elle quitte ses cantonnements de Domèvre à 4 heures du matin. Dans son livre l'abbé Porta écrit
" Une reconnaissance de cavalerie sur Martincourt (15 hommes et un lieutenant) a atteint le village. Le bruit des sabots des chevaux attire sur les seuils les rares habitants qui sont restés ; ils sont avides de nouvelles. Ils entourent les soldats comme des naufragés qui reprennent contact avec le monde, car ils ne comprennent rien à ces avances et à ces reculs qui les font tantôt Français et tantôt Allemands... Les cavaliers ne sont pas des stratèges, ce sont les yeux de l'armée ... Ils interrogent. Autour de l'abreuvoir où les chevaux boivent à longs traits, demandes et réponses se croisentPendant ce temps, l'avant-garde composée des deux bataillons du 168e gravit les pentes nord de Martincourt. tout est paisible ; on se croirait à une marche d'entraînement, si l'appréhension de l'inconnu ne pesait pas sur les cœurs. A 7 h. la pointe atteint le croisement du chemin de Nanzéville et, au même moment , un nuage de poussière inquiétant s'élève vers la route qui court vers Fey, à travers les champs, l'ennemi est là, il prend l'éveil et, soudain son artillerie ouvre le feu sur nos colonnes ; aux quatre sifflement rageurs de nos 75, c'est par un roulement de six coups que répondent les batteries de l'adversaire : nos soldats en échangeant leurs réflexions, ont tôt fait de le remarquer et cette supériorité n'est pas sans les inquiéter. Il y a des pertes et la 3e compagnie du 169e qui forme arrière-garde n'a pas encore quitté Martincourt que les blessés refluent déjà sur le village.
L'avant-garde se déploie alors et le gros, sous les ordres du colonel Nitard du 167e, vient la renforcer. La progression n'est pas moins arrêtée par les rafales de mitrailleuses et les volées d'obus ; les Allemands enterrés à quelques 100 mètres derrière Mamey ont tous les débouchés sous leur feu, par bandes entières les balles s'enfoncent dans le sol et nos hommes mal habitués encore, louvoient entre les sillons qu'elles creusent, autour d'eux, dans la terre. (Renseignements fournis par Jules Barthélémy, agent de liaison à la 3e Cie du 169e)".
20 septembre (JMO 169e RI p32-33) "La 73e Division renforcée par la brigade mixte est chargé d'assurer le débouché éventuel de forces sur la rive gauche de la Moselle. Elles s'installera demain sur le front Ansauville, Grosrouvres, Noviant, bois des Haye, St Jean, hauteurs sud ouest de Nanzeville. Le mouvement de la 73e division sera couvert face au nord par le 368e qui se trouvera à 6 heures à Lironville. La Brigade mixte ira s'établir solidement dans la région de Mamey Auberge St Pierre pour relier la 73e division à le défense de Pont à Mousson. Elle devra se trouver à Mamey à 5h30... 15h45 le 2e bataillon va soutenir l'attaque du 168e qui se porte au Nord. 16h20 La brigade mixte ayant le 168e déployé au nord de Mamey, le 167e à droite à l'auberge St Pierre, se heurtant à des forces supérieures reçoit l'ordre d'occuper une position de repli à 500 m au sud de Mamey avec une batterie d'artillerie. Le régiment passe la nuit dans les tranchées sur cette position. "
20 septembre (JMO 73e division
p51-54) " Le commandant de la brigade mixte fait connaître qu'il ne peut progresser au nord de Mamey étant en butte à une violente canonnade qu'il ne peut contre battre (artillerie ennemie trop loin vers Fey en Haye,
le bois le Prêtre et non exactement repérée). De l'infanterie allemande serait retranchée assez solidement à 400 m environ au nord de la route Limey Montauville.
Pour dégager la région de Mamey et permettre à la brigade mixte de progresser vers le plateau de l'auberge St Pierre Le général commandant de la
73e division décide de faire attaquer par la 146e
brigade (avec 5 bataillons) le front Limey, Bois dit le Brûlé direction ultérieure Remenauville
en se couvrant vers le bois d'Euvzin .... La situation est au soir vers 20h la suivante : Le
368e s'est emparé de Limey au prix de pertes assez sérieuses.. L'attaque n'a pas été poussée sur Remenauville, Flirey est tenu par un détachement de la
145e Brigade. .... L'intention du général est de poursuivre le lendemain matin son offensive dans les direction Auberge St Pierre, Remenauville."
20 septembre (JMO 368e RI p17) "Le 368e régiment moins deux compagnies la 23e compagnie en soutien de cavalerie à Nonsard puis Flirey et la 24e détachée dans le ravin des Quatre Vaux, se porte sur Lironville le village n'étant pas tenu par l'ennemi. A 12 h10 ordre d'attaquer Limey, à 16 h30 le village est occupé. Le régiment s'y organise définitivement et tient par des avant postes de combat la crête à 400 mètres au nord de Limey face à la ferme d'Ansoncourt et à Remenauville. " |
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Au soir du 20 septembre la brigade mixte est bloquée à la hauteur de Mamey. A Limey, de violents combats, très meurtriers, ont eu lieu toute la journée. "A dix heures du matin commença le duel d'artillerie : nos pièces avaient comme objectif le château et le clocher. Réfugiés dans les caves nous attendions avec anxiété le résultat de la bataille. Forcé d'évacuer notre abri car la maison était en feu, nous entendions les clameurs de nos braves troupiers de la division de Toul, pendant que les mitrailleuses boches installées au clocher et derrière les murs des jardins faisaient rage. Cet après-midi là nous sommes allés relever les blessés dans la plaine, puis vers 7 h., les obus boches recommencèrent à tomber" (Témoignage de M Grosjean, adjoint au maire).
A 17 h. Limey a été repris par les Français. On s'est battu à la baïonnette dans les maisons et les rues du village.
21 septembre : La riposte allemande.
La brigade mixte reprend l'offensive sur Mamey. Le 167e longeant la forêt de Puvenelle atteint la route, et s'empare de l'auberge St Pierre. C'est le 169e qui est chargé de reprendre le village.
"Les 1e et 2e compagnies sont en tête mais au débouché, elles sont soumises à un feu violent de mitrailleuses qu'on suppose en batterie dans le clocher. En réalité elles sont établies derrière les haies qui avoisinent l'église; le 169e subit des pertes cruelles ; en quelques minutes il perd plus de 80 hommes ; le capitaine Malet est tué, le lieutenant Verdier de la deuxième compagnie est emporté, une jambe brisée, il ne tardera pas à mourir". (Renseignements fournis par Jules Barthélemy, agent de liaison à la 3e Cie du 169e)
Des soldats du 169e entrent à Mamey.
"Notre escouade, la 15e est désignée pour établir un
poste de surveillance au cœur de Mamey. Nous partons tout joyeux d'entrer les
premiers dans le village. Nous passons l'église et, quelques maisons plus loin
nous entrons sous une grande porte où il y a deux chevaux de uhlans tués. Nous
franchissons tête baissée un jardin dans lequel il y a une buanderie. C'est
là que nous avons établi notre petit poste. Toute la journée nous sommes
restés tapis derrière le mur, nous entendions les balles qui s'aplatissaient
car les Allemands nous avaient repérés. Pendant ce temps l'attaque était
commencée...
La journée du 21 septembre se passa et nous étions toujours à notre poste,
nous attendions des ordres. La nuit est arrivée, nous étions oubliés et nous
ne savions pas où étaient les nôtres. Nous ne savions pas que les troupes
françaises encore une fois, étaient revenues à leur point de départ de la
veille.
Le 22 septembre nous nous sommes dirigés sur l'église, et bien nous en prit,
car quelques instants plus tard nous aurions été fait prisonniers ...(Gaston
Granjot 169e, 7e compagnie, Journal de route)".
Le 168e RI se replie à l'ouest de Mamey et comme les Allemands bombardent Mamey, il reçoit à 15h50 l'ordre de se diriger par St Jean puis Martincourt sur Gézoncourt où il arrive vers 21 h.
Le 169e se replie sur Martincourt.
21 septembre (JMO 169e RI p34) "15h. 10 le 168è abandonne Mamey et bat en retraite par les bois; La batterie Kintzel se retire. Le 167e se replie vers Nanzéville, le nord de la forêt de Puvenelle est occupé par l'ennemi. Le 168e va à Gézoncourt. le 169e à Martincourt. .... Consignes en cas d'attaque, résister jusqu'au bout."
Tôt le matin, le 368e RI épaulé par une partie du 369e attaque vers Remenauville mais échoue et
le 346e RI (JMO P 19) signale qu'à
16h la contre-attaque
allemande devient générale sur tout le front. Le 368e quitte Limey,
qui est repris par les
Allemands et se replie sur Martincourt, Manonville pour aller se reformer à Domèvre ainsi que le
369e. Les pertes sont lourdes
449 hommes pour le 368e, 387 pour le 369e, tués, blessés, ou disparus. Les Allemands tiennent Remenauville et
Regniéville.
A minuit c'est au tour du 367e RI qui tenait le bois Brûlé, de se replier.
21 septembre (JMO 73e Division p55-57) "...La brigade mixte difficilement reliée à la 73e division, (manque d'agents de liaison rapides, cette brigade a un État Major improvisé) n'a pas fait connaître la situation en fin de journée. Celle ci ne parvient au général de la 73e division que vers 3 heures le 22 septembre. La brigade mixte est parvenue à la lisière nord de la forêt de Puvenelle sur les pentes sud de l'Auberge St Pierre et vers la corne nord-est du bois la Lampe. L'officier porteur de cette situation déclare que la brigade a subi des pertes assez sérieuses ayant été exposée la veille de 8 h à 19 h à un feu violent d'artillerie ennemie non contre-battu ..... Une violente canonnade accompagnée d'attaque d'infanterie ennemie se déchaîne successivement sur tout le front savoir : plateau Nord de Mamey, bois dit le brûlé, plateau de Lironville, Limey et vers 16 h sur Flirey ... Alors que dans la journée du 20, la division semblait n'avoir eu à faire qu'à des avant-gardes d'éléments ennemis, le 21 septembre il semble qu'elle ait déchaînée devant elle au moins une division du 14e Corps allemand (on dit même 7 régiments). Le 368e ne peut que se maintenir aux abords de Limey où il est soumis à une violente canonnade. Une attaque allemande extrêmement violente se produit sur Limey à partir de 13 h. ... A 15 h. le colonel commandant de la 146e brigade signale que la situation est grave mais non désespérée, beaucoup de blessés, officiers et gradés dont deux lieutenants colonels. A 15 h15 le colonel commandant de la 146e brigade signale que le 368e abandonne Limey dans un désordre absolu et qu'il va s'efforcer avec l'aide des compagnies de réserve de le reformer et de l'arrêter sur les positions de Lironville.... La division se maintient difficilement sur tout son front jusqu'à la tombée de la nuit. Lironville est de plus en plus canonné. Un même projectile blesse grièvement le colonel commandant la 146e brigade et deux officiers de son État Major ... Vers 18 h 30 le poste de commandement se replie vers Noviant aux Près, où est rédigé l'ordre général N° 98 qui a pour but d'établir la division sur le front Griscourt, Gézoncourt, bois de la Sampinière, hauteurs sud-ouest de Nanzéville, croupe nord de Martincourt (front tenu par la brigade mixte) bois de St Pierremont, bois des Haye, Noviant aux Près, Grosrouvres (avec éléments à Bernécourt), front tenu par la 145e brigade, la 146e brigade sous les ordres du lieutenant colonel Florentin étant ramenée à Domèvre où cantonne le QG. Les troupes doivent se retrancher solidement sur le front prescrit et s'y maintenir à tout prix."
Les batteries allemandes se sont déchaînées toute la journée ; les contre attaques ont été violentes. Les positions conquises au matin sont perdues le soir. A la nuit, la 73e division a perdu successivement : Limey, Flirey, Mamey ; elle est ramenée sur ses positions de départ du 20 septembre et jalonne le front Grosrouvres, Noviant aux Près, ferme de Nanzéville, Martincourt, derrière lequel elle se reforme. Le colonel Malaguti commandant de la 146e brigade est tué. Elle a subit un échec indéniable.
22 septembre : Mamey.
Extrait du livre de l'abbé Porta annoté par Henri Pichon.:
22 septembre : Tentative de reconquête de Mamey.
22 septembre (JMO 73e Division p58) "...A
9 h 30 expédition de l'ordre N° 100 qui, à pour but de faire reprendre à la
division le mouvement en avant vers Lironville et Mamey ... Vers midi 30 le
général commandant la 73e division porte son poste à Manonville, où il est
bientôt rejoint par le général commandant la première armée accompagné de
son chef d'État Major. Le général commandant la première armée manifeste
son étonnement de voir que la 73e division n'ait pas encore repris son
mouvement en avant. Il lui prescrit de le faire sans attendre ....Un officier d'État
Major de la 73e division est envoyé immédiatement à Noviant aux Près
auprès du colonel commandant la 145e brigade, afin de lui prescrire de déclencher
immédiatement son attaque sur Lironville. Toutes dispositions étant déjà
prises pour cette attaque, celle ci commence vers 13 h 45. Ordre est également
envoyé à la brigade mixte de déclencher son mouvement..
La brigade mixte s'était avancée jusqu'au sud des lisières de Mamey mais vers
18 h sa droite à subi un mouvement de recul par suite de la canonnade et d'une
contre attaque par la forêt de Puvenelle. Six compagnies restaient à la fin de
la journée à 600 m au sud-ouest de Mamey ; deux plus au sud ... A 19 h
30 est envoyé l'ordre N°101. 145e brigade et brigade mixte sont maintenus sur
leurs emplacements, la 146e brigade à Manonville. QG à Manonville."
22 septembre (JMO 169e RI p35) "Objectifs de la brigade mixte"
22 septembre (JMO 167e RI p29) "11h 45 ordre est donné à la brigade mixte d'attaquer
Mamey" C'est le 167e qui conduit l'attaque avec deux
compagnies.
Pour la brigade mixte de Riberpray, c'est un échec, impossible de s'emparer de Mamey. La 145e brigade piétine aussi devant Lironville, elle subit des pertes sévères face a un adversaire qui a eu le temps de s'abriter correctement .
23 et 24 septembre : Le statu quo.
Les objectifs restent les mêmes, reprendre Mamey, poursuivre vers Fey et rétablir une ligne de défense. Au matin du 23 la brigade mixte à commencé l'attaque, enclenchée par le 169e RI, mais à 16 h l'ordre d'attaque est suspendu, la 73e division mène de durs combats sur Lironville. Les régiments de la brigade mixte restent sur leurs positions jusqu'au 25.
Dans la nuit du 24 au 25 septembre les Allemands se retirent de Mamey en emmenant des otages.
25 septembre : Mamey est libéré.
Mamey ne sera plus jamais occupé et deviendra tout au long du conflit un lieu de passage pour les unités qui montent ou reviennent du front, ainsi qu'un centre de commandement et d'organisation. De ce fait le village sera continuellement bombardé.
Le 25 septembre l'ordre reprendre Mamey est donné, l'attaque est déclenchée vers midi et c'est le 169e qui pénètre à Mamey.
25 septembre (JMO 169e RI p38) "Situation sans changement jusqu'à 14 h 20 heure à laquelle parvient l'ordre d'attaque sur Mamey qui commence aussitôt"... l'ennemi paraît s'être retiré au nord de la route de Metz .... Successivement la crête au sud de Mamey, le village de Mamey sont occupés. 17h ordre reçu à hauteur de Mamey, "Poussez vivement jusqu'à la route de Metz ... 19 h les compagnies de première ligne atteignent la route de Metz".
Témoignages dans le livre de l'abbé Porta.
Au premier bataillon, les hommes de la troisième compagnie qui éclairent la marche n'ont rien vu , pour un peu ils diraient qu'ils n'ont rien entendu : l'ennemi se retire devant eux sans combattre ; ils ont gardé le souvenir d'une marche éreintante durant laquelle ils ont dû ramper pendant quatre heures à travers les buissons. Ils n'ont trouvé sur leur passage qu'une escouade de leurs camarades fauchés par un même obus les jours précédents et encore étendus au coude à coude. Les outils de parc abandonnés par les Allemands, des centaines, sont un témoignage de retraite précipitée (Témoignage de Jules Barthélémy 169e RI, 3e Compagnie).
Au deuxième bataillon , la 8e compagnie est en tête. A sa
suite les autres compagnies franchissent rapidement les crêtes et, devant le
village se regroupent pour l'assaut final. Une vingtaine d'obus tombent sur
Mamey... L'ennemi ne réagit pas ce qui est anormal. Le sergent Sauvage reçoit
mission de reconnaître avec quatre hommes les maisons de la
lisière sud. C'est bien osé, si l'on songe qu'à travers chaque trous de mur
peut se glisser le canon d'un fusil. Ils se risquent pourtant, hasardent
quelques bonds très courts, puis comme l'ennemi ne donne toujours pas signe de vie
ils gagnent d'une seule traite le mur du cimetière. (Capitaine Sauvage 169e Ri
8e compagnie)
Quatre habitants demeurés dans une cave sortent dans la rue et les deux
sentinelles qui les gardent ont à peine le temps de tirer quelques
coups de feu sur nos éclaireurs et de sauter à bicyclette pour s'enfuir.
Tandis que le 169e entre à Mamey par les sud, le 167e y pénètre par l'est.
Le colonel du 109e Badois a laissé du papier à lettre et des enveloppes sur
la table de son P.C., le colonel Nitard s'en empare pour rendre compte à la
brigade... C'est de bonne guerre et le geste à son charme."
Le 25 septembre la Brigade mixte a atteint son objectif Mamey.
Au soir du 25 septembre la situation s'est nettement améliorée et l'avance
continue vers Fey. Le bataillons se sont lancés à travers champ pour atteindre
la route de Pont-à-Mousson. mais l'ennemi commande le terrain et le
balaie de toutes ses batteries et de toutes ses mitrailleuses. Les premiers bataillons du
167e franchissent la
route vers 16 h 30, se fortifient et bivouaquent au nord et au sud de la route.
A la nuit, le 169e passe à son tour et bivouaque aux lisières est du
bois Brûlé.
Le 168e RI enlève la forêt de Puvenelle et des éléments avancés atteignent également l'Auberge Saint-Pierre.
Le 367e RI reprend Lironville et Limey le 25 septembre et reste sur ce secteur jusqu'au 10 octobre. Le 369e se porte sur le chemin Lironville Mamey reste sur ce secteur jusqu'au 3 octobre ou il reçoit l'ordre d'organiser la défensive sur la position Bois de la Voisogne, Flirey Limey- Bois dit le Brûlé.
Le 26 dans l'ordre général N° 109, l'État-major de la 73e division annonce que le XIVè Corps allemand bat en retraite, laissant des tranchées remplies de morts et que l'offensive se poursuit sur Fey et Remenauville.
Le 26 septembre (JMO 167e RI p36) "Ordre est donné à la Brigade mixte de contribuer à l'offensive générale, conformément à l'ordre de la veille. Elle se portera sur Fey en Haye . Objectif du 167e : Fey en Haye - le 168e continuera à occuper le centre de résistance de l'auberge St Pierre. Le 169e à gauche doit atteindre le flanc de l'adversaire retranché au nord de Fey."
Le 26 septembre (JMO 169e RI p39) "
Ordre de la 73e division 0h 01. La 73e division continue son offensive dans les directions de Fey en Haye et Remenauville. La brigade mixte laissera un bataillon avec une compagnie du génie au centre de résistance auberge St Pierre et se portera avec son gros sur le front Fey en Haye croupe entre Fey et le bois dit le Brûlé"Le 28 septembre la Brigade reçoit l'ordre de se retrancher sur la position ; crête nord de la route de Metz, centre de résistance de l'auberge St Pierre et lisières nord du bois la Lampe. Le 356e ramené de Domèvre occupe le bois Brûlé (JMO 356e RI p 19)
L'avance est terminée, une nouvelle
guerre commence, on va s'enterrer pour de longs jours ; on a déjà
commencé, car dans la nuit su 27 au 28 septembre, une tranchée a été creusée
devant Fey qui devient terrain neutre, rendez vous de patrouilles, sous le feu
des batteries allemandes. Sur le plateau de Mamey, une deuxième ligne
s'organise. Deux centres de défense sont crées, l'un dans le village avec deux
bataillons du 167e et deux du 169e (colonel Nitard) l'autre à l'auberge St
Pierre avec deux bataillon du 168e (colonel Mayran). Les soldats reçoivent des
pelles, des pioches, des haches et deviennent des
terrassiers.
Dans son livre l'abbé Porta donne la parole au général Lebocq pour analyser l'importance de la bataille de Mamey-Lironville.
Quelle fut l'importance de la bataille de Mamey-Lironville ? Voilà en résumé, ce qu'en dit le général Lebocq dans un discours à Lironville le 7 octobre 1923.
Tout d'abord ce fut un succès, l'ennemi a reculé, nous avons
avancé de trois kilomètres. Mais ce succès , s'il ne tirait son importance
que de cela, serait contestable, nous l'aurions payé trop cher. En se faisant
décimer à Lironville, la 73e division à remporté sa vraie victoire au
passage de la Meuse.
En effet, le 20 septembre au soir, après son attaque sur Hattonchâtel,
l'ennemi est virtuellement vainqueur, la route est libre devant lui, il peut
pousser jusqu'à Verdun, la Meuse est dégarnie et la défense mobile de St
Mihiel est disparue.
Heureusement , trois divisions accourent le 22 au matin et, des Éparges à
Spada barrent la route de Verdun. Reste St Mihiel or devant St Mihiel entre
Spada et Apremont nous n'avons pas un homme, d'Apremont à Beaumont nous n'avons
que les 7e et 2e division de cavalerie incapables de résister longtemps à
des attaques sérieuses.
Pourquoi, dès lors, les Allemands se montrent-ils si timides et ne poussent-ils
leur avantage que le 24 ? ... C'est que la 73e division en inquiétant leur
flanc gauche, a immobilisé les forces qui leur étaient nécessaires sur la
Meuse. Quand elles pourront intervenir, il sera trop tard, la III Armée aura
établie une solide barrière derrière St Mihiel, aussi le général Roques
qualifiera-t-il la bataille de Lironville-Mamey d'intervention heureuse de la 73e dans la Woëvre.
Mais ce que l’on appellera désormais le saillant de Saint-Mihiel, devient l’écharde plantée dans le pied de la ligne française. L’armée allemande l’organisera en un bastion sur lequel se brisera toutes les tentatives françaises de le réduire, et ce, jusqu’en septembre 1918.